Restez chez vous, lavez-vous les mains, applaudissez, répétez !

Hier, je suis allée m’occuper de mon beau-père. L’une des aides à domicile ne peut plus venir.

Il a 82 ans, a eu 2 AVC et souffre d’asthme. C’est une personne à risque, mais il ne sort plus de chez lui depuis quelques mois. 

Sa mémoire immédiate lui joue des tours. En arrivant, je lui dis que l’on ne peut pas s’approcher à moins d’un mètre, que l’on ne peut plus se faire la bise.

Je lui explique la situation. Il me dit : « ah bon ? ».  Il est dubitatif. Puis son regard se détourne vers la TV.

Trente secondes plus tard, il se retourne vers moi et me demande pourquoi je porte des gants et un masque. Je réitère mes explications. Il me regarde l’air étonné.

Dans 5 minutes il aura à nouveau oublié. Alors, il faudra lui redire de se laver les mains chaque fois qu’il va aux w.c., encore et encore !

C’est difficile pour lui et pour celles qui viennent s’occuper de lui. Répéter inlassablement les mêmes choses en boucle.

Il faut lui répéter plusieurs fois avant qu’il n’imprime, mais il y a des jours où son imprimante n’a plus beaucoup d’encre.

Je lui raconte qu’à 20 h, les gens se mettent à leur fenêtre et font du bruit ou applaudissent pour encourager le personnel soignant qui travaille sans répit avec un courage extraordinaire, dans de très mauvaises conditions. Il n’arrive pas vraiment à comprendre et moi non plus. La situation dans laquelle nous sommes tous est purement hallucinante. 

À 20 h, j’ouvre les fenêtres pour écouter les voisins. J’applaudis à mon tour, il me demande ce qu’il se passe, je me répète.

Et toujours cette même réponse : « ah bon ! ».

Expliquer ce qui se passe à mon beau-père, encore et encore. Les rues vides, les habitants confinés, les morts du Covid-19. C’est juste surréaliste. Ce matin alors que j’ai dû revenir sur le pourquoi je porte des gants et un masque et le fait que nous ne devons pas nous approcher à moins d’un mètre, cela me permet, à moi aussi, de prendre conscience des événements. 

Bien que le confinement soit difficile pour les nerfs, je me rends compte de la chance que j’ai d’être en bonne santé et d’avoir une bonne mémoire.

Merci à toutes celles et tous ceux qui se dévouent pour prendre soin des autres, jour après jour, au péril de leurs vies.

Alors pour bien les soutenir : Restez chez vous, lavez-vous les mains, applaudissez et répétez !

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