Profite des nuages

nuagesLa fin de l’année approche à grands pas,

sans neige ni grève,

pour moi qui me suis exilée volontairement dans le Sud.

Voici venir l’heure des bilans comptables : as-tu bien travaillé ?

As-tu gagné assez d’argent ?

As-tu bien dépensé et fait tourner l’économie de ton pays ?

T’es-tu laissé avaler par les sirènes commerciales du Big data

qui envahissent de façon dramatique,

un peu plus chaque seconde ton espace vital de liberté et d’intimité ?

Oui et non !

La question la plus importante à mes yeux de rêveuse est :

As-tu vraiment vécu chaque instant comme unique ?

Ne pensant ni au passé et ses souvenirs fanés,

ni au futur et ses rêves de châteaux en Espagne

T’es-tu assez éloigné de la pollution citadine pour observer les étoiles ?

As-tu admiré les nuages roses du matin, ceux qui annoncent la pluie

ou ceux qui embrasent le ciel à la tombée du soir, espoir ?

Es-tu resté immobile dans ce monde qui va trop vite, qui ne tourne plus rond ?

As-tu pris du temps pour toi, sans compétition ni comparaison ?

As-tu déserté tes habitudes de bon soldat du capitalisme ?

As-tu dit non à cette société qui te gave d’objets inutiles

rendus indispensables par les photos avec filtres magiques d’ Instagram ?

Ces images violentes, montées et exploitées en boucle par des médias complices

des dictatures ultras libérales qui servent leurs maîtres de « la Finance »

et nous font oublier

que le vrai profit est celui qui consiste à jouir intensément de nos

existences dans leurs plus simples expressions :

Savourer l’instant présent,

Le sourire bienveillant d’un inconnu croisé par hasard dans la rue,

Un acte généreux et sans arrière-pensée,

Le parfum rassurant d’un brin de lavande cueilli sur le chemin,

Une lettre manuscrite (oh ! douce réminiscence d’une époque sans GAFAM) postée par une amie éloignée,

Prendre le temps de s’arrêter de « Faire »

Admirer simplement la nature qui nous entoure

Sourire sans raison,

Inspirer,

Expirer.

Ta vie passe si vite que tu ne la vois plus t’échapper

comme le vent qui se faufile entre tes mains.

Je te souhaite que la prochaine année

te fasse descendre de ce grand huit infernal de la surmondialisation

Que tu prennes le temps d’observer un nuage, que tu joues à lui donner une forme

et que tu oublies un peu le Cloud.

Namasté

 

 

 

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