Dans ma petite chambre parisienne, celle où j’habitais lorsque j’étais étudiante au cours Florent et d’où je pouvais voir Montmartre en montant sur la cuvette des w.c. il y a beaucoup de livres, un énorme frigo qui s’ouvre avec trois clés différentes et une fenêtre-balcon qui donne sur une cour intérieure.
Quelqu’un sonne à la porte. Laurent Delahousse, dans son exactitude toute suisse et sa blondeur de surfeur californien, se tient souriant sur le pas de ma porte. Il me dit bonjour avec cette voix suave que beaucoup ne supportent pas. Moi, elle ne m’a jamais dérangée.
Je lui tends la main et l’invite à l’intérieur. Il est très aimable et encore plus sexy avec ses lunettes d’intello !
Je lui désigne l’unique fauteuil de la pièce, pendant que je cherche désespérément, non pas Suzanne1, mais mes romans dans la gigantesque bibliothèque qui est bien plus grande que la pièce elle-même.
— Comment est-ce possible, me diriez-vous ?
— C’est un rêve ! Allez donc poser vos questions directement à Freud, et cessez de m’interrompre !
Je disais donc que je cherchais mes romans, mais je suis, ô rage, ô désespoir2, très contrariée, car je ne les trouve nulle part.
Pendant ce temps, Laurent (oui, je l’appelle par son petit nom. Il est venu jusque dans mon rêve, je me permets !) en profite pour fumer une cigarette sur le palier. Étrange, je ne l’imaginais pas du tout avec cette habitude nauséabonde !
Mon voisin sort à ce moment-là, me regarde, regarde Laurent, me regarde (ça s’appelle une « double take » au cinéma ou surprise en deux temps et c’est très difficile à jouer pour un acteur) il me demande :
—Mais pourquoi y a Delahousse ?
— Il vient m’interviewer !
— Mais pourquoi il t’interviewe, t’es pas connue ?
— Pour parler de mes livres.
— Quels livres ?
— Ceux que j’ai écrits !
— T’as écrit des romans, toi ? !
— Ben oui.
— Tu m’ l’as jamais dit !
— Tu ne m’as jamais demandé !
— Ben quoi, j’allais pas te demander si tu avais écrit des livres !
— Non, mais tu aurais pu me demander ce que je faisais dans la vie !
— Mais tu causes jamais d’ toi !
— C’est normal, lorsqu’on discute, tu ne parles que de toi !
— Ben ouais, parce que t’écoutes super bien !
Laurent a fini sa cigarette, il fait un bonjour de la tête à l’intention de mon voisin et retourne s’asseoir dans l’unique fauteuil de ma modeste demeure. Vous vous souvenez, vous suivez un peu ? Et moi je suis en nage, car je ne retrouve toujours pas ces satanés romans.
Je me réveille à ce moment-là, en me disant : « voilà, ma petit Mirelle, si tu désires que Laurent Delahousse, avec ses petites lunettes d’intello sexy, vienne t’interviewer au sujet de tes romans, il faut que toi et ton entourage, vous en parliez plus. »
Il est donc temps que le monde entier soit au courant que j’écris des romans fabuleux qui « vous font partir à la découverte de monde et de vous-même » — dixit la pub sur mon blog ! —
Et pourquoi Delahousse, alors que je ne regarde presque jamais les infos, surtout en ce moment ça me déprime trop ? Je n’en sais rien moi, vous en posez de ces questions ! Allez frapper à la porte de Lacan, il en aura peut-être des réponses, mais ça vous coûtera plus cher que d’acheter directement mes livres 😉 !
1,2 ce texte comporte quelques références. Si vous ne les connaissez pas, allez donc chercher sur internet, cela vous passera le temps si vous vous ennuyez, ou comblera votre manque de culture si vous en manquez et vous pourrez ainsi brillez dans les dîners mondains lorsque nous serons enfin déconfinés ! Vous me suivez ?
Vue de cette fameuse chambre. Merci à mon amie d’enfance Karine pour l’avoir gardée 🙂
Moi mon kiffe c’est plus Guy Lagache. Comme on dit chacun ses goûts !
Mais que ça a du faire du bien de voir Laurent !! ah ah ! 😉