Alors que j’étais tranquillement au chaud, bichonnée et poncée par des mains vigoureuses et délicates, un son dramatique s’est produit. Un genre de craquement qu’aucune espèce en bois n’aimerait entendre : Crac !
Et oui, j’ai craqué ! Cela s’est passé du côté de ma 3e jambe sur la gauche, le côté du cœur, parait-il !
Je ne suis apparemment plus bonne à rien.
Les mains qui s’occupaient de moi depuis une semaine, semblaient défaites. Le sang a quitté ses extrémités et les a laissées exsangues et abattues.
C’est une autre paire de mains, bien moins attentionnées, qui m’ont agrippée sans aucune douceur et m’ont balancée dans un camion. J’en suis restée estomaquée. Le voyage était chaotique, mes barreaux flageolaient d’angoisse, et comme pour faire écho à ma détresse, le ciel s’est assombri en un instant tragique. Je ne voyais aucun avenir à cette destination.
Je me suis réveillée, démembrée, trempée et morte de peur. Je regardais tout autour de moi, des cailloux, des algues, des branches qui auraient pu devenir moi et quelques objets volants non identifiés. En reprenant tant bien que mal mes esprits, je sentais une eau claire et fraîche passer à travers moi. Ce n’était pas désagréable, finalement, de se décomposer petit à petit, balancée dans une rivière. Lorsque j’y pense il y a pire, j’aurais pu finir sous le popotin d’un dédaigneux humain !
J’ai vu un sapin flotter dans la Seine…
J’aime beaucoup tes histoires dont les objets sont les héros ^^
Merci Caroline, il y a tellement d’histoires à écrire sur ce sujet malheureusement pour la nature…