Une fois n’est pas coutume, je vais parler politique. Parce que, n’en déplaise à certains, TOUT est politique ! De l’air que l’on respire — dont la pureté se raréfie dramatiquement — à l’eau potable qui sera bientôt complètement privatisée par les multinationales, à la nourriture qui arrive dans nos assiettes bourrées de pesticides, de perturbateurs endocriniens, etc. Jusqu’ aux droits fondamentaux, notamment des femmes, qui sont bafoués tous les jours.
Aujourd’hui aux USA, le roman de Margaret Atwood « The Handmaid’s tale » n’est malheureusement plus une dystopie .
Aujourd’hui je suis révoltée, encore plus que d’habitude. En moins d’une semaine, les Français ont voté (ou se sont abstenus de voter ce qui fait toujours gagner l’extrême droite) pour mettre à l’Assemblée nationale un nombre catastrophiquement élevé de fascistes : 89 députés RN ! Le sud de la France, dont le Gard où je réside, se part des funestes couleurs du nazisme ! Comme si cela ne suffisait pas, la Cour Suprême des États-Unis vient de révoquer le droit à l’avortement plus connu sous l’arrêt Roe v.Wade 1
Or, tout cela résulte de décisions politiques prises en grande majorité par des hommes, cette caste de vieux hommes blancs ultras conservateurs et privilégiés (aux USA comme un peu partout dans le monde) qui veulent encore et toujours plus régenter le corps des femmes comme s’il était un vulgaire objet, une chose que l’on peut contrôler selon leurs propres désirs. Ils feraient mieux de s’occuper de leur prostate au lieu de fourrer leur nez dans nos utérus ! Évidemment, cette décision défavorisera d’abord et en majorité les femmes les moins aisées et les plus fragiles, car des avortements, il y en aura toujours !
Si j’en parle aujourd’hui c’est que j’ai eu, comme de nombreuses femmes, recours à un avortement. J’étais jeune et il était impossible pour moi d’envisager d’aller au bout d’une grossesse. Je ne me voyais pas élever un enfant non désiré et encore moins aller jusqu’au terme pour ensuite l’abandonner pour l’adoption.
Cela n’a pas été une « partie de plaisir » ni un avortement « de confort » terme barbare s’il en est utilisé un peu trop souvent par les « Pro life » et les fascistes tels que Marine Le Pen, pour ne pas la citer !
Pour moi, cela a été douloureux physiquement et émotionnellement.
C’est une blessure que je garde en moi encore maintenant. Même si la cicatrice est moins visible et qu’après plus de trente ans j’arrive enfin à en parler sans pleurer ni me sentir coupable.
J’ai été insultée et traitée de « salope » de « fille facile » ou encore de « Marie couche toi-là » par le médecin que j’ai dû rencontrer et qui avait le pouvoir de dire oui ou non à la procédure (en Suisse, à cette époque-là, la politique était à l’encouragement de la natalité et non le contraire !)
J’ai été maltraitée par l’une des infirmières qui s’occupaient de moi, me disant que si je souffrais, c’était entièrement de ma faute et que je l’avais bien mérité. Elle revenait plus tard sans calmants en me disant que je ne souffrais pas assez !
Heureusement, mes proches me soutenaient et je ne remercierais jamais assez ma mère d’avoir été compréhensive, ouverte et présente, comme elle l’a toujours été pour moi.
J’ai enfoui cet événement au fin fond de ma mémoire pendant longtemps. Je ne voulais plus en parler, juste oublier.
C’est lorsque j’ai commencé une psychanalyse que ce douloureux événement est ressorti. Durant de nombreuses séances, je pleurais à la simple évocation de ce traumatisme. J’étais toujours incapable de surmonter la culpabilité marquée aux fers rouges dans mes chairs et mon esprit.
Cet événement est en partie la raison pour laquelle je n’ai pas voulu avoir d’enfant. Et avec la catastrophique écologique qui arrive, je ne me voyais pas mettre au monde un enfant dans un futur aussi sombre et incertain. Je ne regrette pas cette décision, mais qui sait, peut-être que si l’avortement que j’ai eu c’était mieux passé, je serais une mère aujourd’hui …
Du confort, il n’y en a pas, il n’y en aura jamais ! Même dans de bonnes conditions avec un personnel médical qui ne juge pas et qui sait accompagner cette douloureuse procédure, il n’y a pas de confort ne serait-ce que moral !
Nous sommes en 2022 et au lieu d’avancer vers une justice plus sociale, plus humaine et égalitaire nous reculons vers les fins fonds de l’obscurantisme religieux et extrémiste.
En France nous ne sommes pas à l’abri de ce genre de loi infâme, car tout ce qui ne va pas dans la société américaine arrive, malheureusement, avec ces grosses bottes jusqu’à nous !
Je finis cette chronique avec une citation de Simon de Beauvoir, cette visionnaire :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis.Vous devrez rester vigilantes
votre vie durant.
*14e épisode 8e saison de la série Friends
1 Roe v. Wade, 410 U.S. 113 est un arrêt historique rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. La Cour statue, par sept voix contre deux, que le droit à la vie privée en vertu de la Due Process Clause découlant du quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis s’étend à la décision d’une femme de poursuivre ou non sa grossesse, mais que ce droit doit être mis en balance avec les intérêts de l’État dans la réglementation de l’avortement : protéger la santé des femmes et protéger le potentiel de la vie humaine. L’arrêt Roe v. Wade a marqué le débat américain sur l’avortement et sa légalisation, mais aussi le rôle de la Cour suprême américaine, ainsi que des opinions sur la place de la religion dans la sphère politique. Roe v. Wade est devenu l’un des arrêts de la Cour suprême les plus importants politiquement, divisant les États-Unis entre personnes se disant « pro-choice » (« pro-choix », pour le droit à l’avortement) et « pro-life » (« pro-vie », anti-avortement).
Tristement d’accord avec toi …
Mirelle, des morts forts pour un moment tragique. Merci.
Je pense que tu voulais dire des mots forts mais le lapsus en dit long sur ce douloureux problème