journée mondiale de l’hypersensibilité

Le 13 janvier est la journée mondiale de l’hypersensibilité.

Imaginez qu’un ami vous invite à un concert de musique classique à l’opéra.

À l’évidence, cette hypothèse se déroule après J.-C., mais avant Covid-19 !

Un temps béni, où les libertés n’étaient pas que virtuelles,

où l’on pouvait se pavaner, main dans la main avec son amoureux-se,

se bécoter sur les bancs publics et rêvasser à la terrasse des cafés.

Mais je digresse, revenons à notre supposition :

Vous acceptez l’invitation avec le plus grand plaisir, car vous n’avez jamais mis les pieds à l’opéra.

Vous avez quelques appréhensions, la nouveauté, le monde un peu suranné et parfois hautain de la musique classique, mais le lieu est magnifique.

Le plafond de l’Opéra Garnier, peint par Marc Chagall, est peut-être un peu « too much » à votre goût.

Les mélomanes ont sorti leurs plus beaux atours. Certains, pour marquer leurs différences, sont venus en jeans troués et cheveux ébouriffés.

La salle se remplit. Les cœurs du public, qui battent autour de vous, vous envahissent d’une sensation inconnue.

L’obscurité tombe sur la salle, le rideau se lève, l’orchestre apparaît.

Les premières notes des « Quatre Saisons » de Vivaldi s’échappent tel un oiseau de sa cage.

En vous, c’est comme un tsunami d’émotions qui vous submergent et emportent tout sur son passage : votre bienséance et votre raison.

Vous avez l’impression de perdre pied, d’être enfouis sous des sensations nouvelles d’une intensité à la limite de la douleur.   

Des larmes s’échappent de vos yeux sans que vous puissiez les contrôler.

Un flot ininterrompu d’eau salée ruine votre mascara (si vous en portez) ruisselle sur vos joues et s’écoulent en cascade sur vos mains.

Votre nez n’est pas en reste, vous essayez de vous moucher discrètement dans la manche de votre veste.

Peine perdue, le raz de marée émotionnel ne vous lâchera plus de la soirée.

Pleurer à l’opéra n’est pas la pire des situations et comme c’est la première fois que cela vous arrive, vous ne vous en inquiétez pas outre mesure.

Pour les personnes hypersensibles, comme moi, cette situation se produit très souvent, en bien ou en mal.

Une musique peut donc provoquer un raz de marée d’émotions si intenses que cela fait mal jusqu’au tréfonds de l’âme. Ou c’est une simple voix qui peut m’agresser les tympans jusqu’à l’exaspération la plus intense.  

On me dit parfois que je suis sur une autre planète, que je suis trop vive ou trop agressive.

Il est vrai que j’ai besoin de me réfugier dans mon monde imaginaire où l’intensité de mes émotions ne me tétanise plus. Un refuge « doudou » loin de l’agitation permanente, du bruit, des ressentis extrêmes, des critiques qui sont parfois mal vécues.

Je peux avoir l’air absente, hautaine, réservée, renfermée, timide ou même prétentieuse et j’en passe !

Le monde et ses stimulations apportent son lot de stress, de merveilles et de dégoût.

L’intensité du ressenti face à la beauté, au chaos qui m’entoure est une force parfois , une douleur souvent qui paralyse ou me procure une énergie magnifique qui nourrit mes écrits.

C’est une chance lorsque j’arrive à en faire quelque chose. L’écriture m’aide à déverser ce flot de sensations, cela me libère un peu des angoisses et de la tempête de questionnement incessant qui fait rage sous mon crâne.

Une personne hypersensible n’exagère jamais, elle a plus tôt tendance à passer sous silence son extrême émotivité, car elle n’est pas toujours bien comprise, ni adapté à la pseudo normalité qui l’entoure.

La société et notre éducation nous demandent d’être forts, d’encaisser et de taire nos émotions.  

 Alors, à fleur de peau, on se cache pour ne pas montrer que la beauté peut nous déchirer les entrailles.

Aujourd’hui, j’apprends à considérer mon hypersensibilité comme une amie qui m’ accompagne dans mon quotidien, qui me rassure et donne du carburant à ma créativité, sans m’écraser d’une charge émotionnelle trop intense.

Si vous êtes dans cette situation ou connaissez des hypersensibles, ne les rabrouez pas,

vous risqueriez de finir assassiné dans l’un de leurs romans 😉

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