À son contact… suite et fin

À son contrat.. suite et fin

De là où je tente de vous communiquer mes infos, j’ai en mémoire tous les éléments à charge contre l’assassin d’Emma. Malheureusement, je suis enfermée dans une cage de Faraday. Je ne peux ni envoyer ni accéder à mes données dans le nuage et encore moins prévenir qui que ce soit. Cela m’exaspère tellement que j’en buggerais presque !

Le drame s’est déroulé le lendemain d’une soirée où Baudoin avait cuisiné un dîner romantique pour son épouse. Emma était plus détendue, elle me confia : « Tu vois, il est de nouveau charmant comme lorsque je l’ai rencontré. S’il est stressé, c’est à cause de son travail ! » Nous marchions près du lac, lorsque Baudoin est arrivé sans prévenir. Il a fait semblant d’enlacer sa femme et l’a menottée, en lui faisant croire à un jeu érotique. Vous comprenez, ils devaient fêter leurs vingt ans d’anniversaire de mariage. Il a placé une ceinture lestée autour de sa taille et ils sont tombés ensemble dans l’eau glacée. Emma n’est pas remontée et je suis la seule témoin. Sous l’eau, je l’ai sentie se débattre et lutter. Son cœur était tenace et cette fois elle avait assez de lucidité pour résister. Malheureusement, sans l’usage de ses mains, et avec une ceinture lestée, elle n’avait aucune chance de s’en sortir. Je ressentais tout à travers elle : la colère, la fureur, l’abattement puis l’impuissance et enfin l’acceptation dans la délivrance. Son cœur s’arrêta à 7 h 35, un 25 novembre. Une date au combien symbolique !

Baudoin est descendu au fond du lac pendant la nuit et m’a enlevée du poignet d’Emma. Dans le coffre-fort à mes côtés, se cachent de l’agent liquide, un faux passeport avec une nouvelle identité et des cartes de crédit. Baudoin ne sait pas encore enfui, il joue les maris éplorés devant les journalistes.

La police ne m’a pas encore retrouvée, mais je sais bien qu’un jour, il sera obligé d’ouvrir ce fichu coffre et là, je n’aurai besoin que d’une nano seconde pour envoyer à quelqu’un de compétant toutes les données qui accuseront Baudoin. En attendant, j’économise ma batterie au maximum. Je végète, je me sens partir vers la lumière. Cette fameuse lumière blanche, où, paraît-il, on peut aller dans un monde meilleur.

Le bruit si particulier de l’ouverture du coffre me fait sursauter. Si j’avais des dents, j’aurais mordu la main de Baudoin qui tente de récupérer ses faux papiers.

Il ne me reste que très peu de jus et il le sait, mais je vous avais prévenus, une nano seconde m’a suffi pour envoyer les preuves de sa culpabilité aux autorités et par la même occasion, j’ai réussi, dans un dernier sursaut, à le prendre en photo ! Je vois d’ici son expression, entre ahurissement et fureur, à la une des journaux : « le mari est tombé grâce à une montre connectée. »

Cet article a 7 commentaires

  1. marieneige86

    Je surkiffe cette personnification, cette écriture pleine d’émotion et d’imagination 😍

    1. Mirelle HDB

      Merci Marie-Neige pour ton soutien et tes tres bonnes critiques 😘

  2. carointheair

    Triste… vraiment! mais tellement bien écrit, j’aurai voulu que cela dure plus longtemps !

    1. Mirelle HDB

      Merci beaucoup pour ton commentaire, ça me donne l’énergie nécessaire pour continuer 😊

  3. Caroline Leblanc

    Excellent ! Je n’ai pas deviné tout de suite qui était le « je »… malgré l’indice photo ^^

  4. Perrine

    Top Mirelle ! je n’ai pas de suite capté de quoi il s’agissait… mais l’idée de la montre connectée en témoin de vie, témoin de tout est juste géniale !! Franchement, j’ai trouvé ça tellement vrai…tellement possible !!! super !

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